30-Le Martinet - Centenaire Harmonie des Mineurs
Une des rares harmonies existant encore et participant efficacement à la vie des villages de la vallée et coopérant volontiers avec les associations lors de leurs manifestations. Je lui rend, à travers ce reportage de son centenaire, l'hommage qu'elle mérite grandement....
la plupart des commentaires sont écrits sur les photos... et vous trouverez un petit historique à la fin du reportage...
L’HARMONIE DES MINEURS DU MARTINET
De la nuit des temps, les hommes ont aimé la musique ainsi que le chant et la danse… ceux du Martinet en faisaient partie, encore plus à la fin du XIXe siècle et début du XXe, avec l’expansion de la mine de charbon qui attirait bien des « estrangers » venus d’Italie, Espagne, Pologne…. Mais aussi d’autres contrées de France ou tout simplement de villages voisins ! Quel meilleur moyen de s’intégrer que la musique et façonner ainsi cette communauté ?
Ainsi donc en 1907, M. René GUERIN, alors directeur des Mines de Trélys et maire de St-Florent, eut l’idée de réunir ces musiciens sous la bannière de l’Harmonie des Mineurs du Martinet, après leur dure journée de mineur et « d’entretenir des relations amicales entres les membres et de développer le goût et l’étude de la musique pour le personnel de la compagnie » comme il est écrit dans les statuts de cette association.
Dès le début, l’Harmonie connut un franc succès. En contrepartie de leur adhésion, les musiciens bénéficiaient de forfait de charbon, de cigarettes et d’une petite prime. Certes, c’était une satisfaction, mais le plaisir de se retrouver était bien plus grand. Très vite, elle acquit une haute réputation artistique en gagnant divers concours.
Elle prêtait le sien, avec beaucoup d’éclat, à toutes les fêtes du village : La Sainte-Cécile, Patronne des musiciens, la Sainte-Barbe fêtée par les mineurs, la fête champêtre du Lundi de Pâques qui se déroulait au col de Trélys.
Se voulant indépendante, ne reflétant aucun caractère politique ou religieux, elle a toujours participé aux manifestations officielles des municipalités du Martinet et de St-Florent (qui l’ont en partie subventionnée avec la Cie des Mines) et aux défilés du 1er mai. Pareillement, elle a toujours accepté – selon sa disponibilité – de se joindre aux manifestations associatives diverses de la Vallée et d’autres villages environnants.
Ainsi par le talent de ses musiciens et de ses chefs de musique, mais aussi par son attitude si fraternelle, a-t-elle toujours été fort appréciée et aimée… En 1957, dans son livre sur « le Martinet et la Vallée de l’Auzonnet », l’Abbé Albouy souligne les qualités du chef de musique « Albert OLLIER, officier de l’Instruction Publique, musicien au talent remarquable et harmoniste érudit…… doyen de ces artistes… a été honoré de la médaille de vermeil de la Fédération Nationale des Sociétés Musicales de France…. Et chaque année, une dizaine de diplômes sont remis en récompense aux vétérans de la musique pour leurs bons et loyaux services ».
Les 8 et 9 septembre 2007, sous l’égide de Lionel France, président, l’Harmonie des Mineurs fêtait ses 100 ans ! A cette occasion, était inaugurée la place Jean FOISSAC (à côté de la salle des fêtes Louis Aragon) qui fut président de l’Harmonie durant vingt ans, avec de plus une vie associative très riche au cœur d’autres associations de la Vallée : un moment de grande émotion pour les membres de l’Harmonie et tous ceux, nombreux dans le public, qui l’avaient apprécié et aimé durant toutes ces années. Actuellement, c’est sa fille, Céline ROUVIERE, qui préside vaillamment l’association.
Pour cet anniversaire, était mis en avant Lucien REYNAUD, 74a à cette date, doyen de l’Harmonie. Il raconte ….
« Le chef de musique, M. Ollier qui m’a appris la tactique pour se rappeler les morceaux »……. Quand les mines ont fermé, « on s’est tous entendus comme une grande famille, tous solidaires, pour faire continuer à vivre l’Harmonie et notre passion de la musique. A l’époque, on ne faisait pas des concerts comme aujourd’hui, on partait souvent plusieurs jours dans le Sud de la France, à Fréjus, Antibes, Carry-le-Rouet, en Italie, en Espagne, avec nos instruments. On était invité à prêter notre concours dans une manifestation. Souvent on jouait aussi dans le restaurant qui nous accueillait, bénévolement, pour remercier le restaurateur….. Il y a eu plusieurs tenues. La plus ancienne, c’était la chemise bleue du mineur avec le casque ou la casquette bleue, et l’été, la coiffe blanche par-dessus. L’Harmonie se composait de 70 personnes à l’époque, essentiellement des mineurs et quelques enfants d’épiciers de la Vallée également : on acceptait tous ceux qui voulaient faire de la musique ! Mais il n’y a pas de différence entre l’Harmonie de l’époque et l’Harmonie d’aujourd’hui, car le cœur est le même, il n’a pas changé….. même si maintenant il n’y a plus vraiment de musiciens du Martinet (3 à l’heure actuelle)… nous sommes une trentaine aujourd’hui : beaucoup sont venus de l’extérieur… Mais il n’y avait pas de femmes dans l’Harmonie quand j’ai commencé (1948), c’est à partir de M. Mouret, mon second chef de musique, que les femmes ont pu intégrer l’Harmonie…la seule rémunération que nous touchions à l’époque de la part des Houillères, c’était à la Sainte Barbe : 5 francs par musicien et un paquet de cigarettes ! Pour le reste, c’était bénévolement et les Houillères donnaient une subvention à l’Harmonie. Si un musicien n’avait pas d’instrument, il pouvait l’acheter à l’Harmonie et le rembourser mois par mois, car l’Harmonie bénéficiait de tarifs préférentiels au magasin « Le Troubadour Musique »…. J’ai appris à jouer du clairon à bien une vingtaine de musiciens. On montait au col des Brousses, tous les jours pendant un an pour s’entraîner…. Avant, il y avait répétition tous les mercredis après l’école, toute l’année, qu’il y ait des sorties ou pas, et avant les sorties, il y avait répétition générale. M. Ollier nous apprenait en chantant, sans les instruments au départ. Le lieu de répétition n’a pas toujours été dans la salle actuelle qui est en fait un ancien café, dont le dernier cafetier jouait de la trompette à l’Harmonie. Le premier local était juste derrière le local actuel et c’était l’école maternelle. Puis, quand le café a fermé, les Houillères qui en étaient propriétaires, l’on donné à l’Harmonie…. Et bien 100 ans d’Harmonie, ça me rajeunit pas !... je suis fier et content que l’Harmonie continue ! »
Pour fêter ces 100 ans, l’Harmonie avait ardemment préparé un magnifique programme de festivités en présence de nombreux élus, attirant, durant deux jours, un très grand nombre de spectateurs particulièrement enchantés ! Toujours à l’occasion de cet évènement, Lionel FRANCE avait fait appel aux connaissances en héraldique de Régis GERMAIN pour créer et fabriquer bénévolement le blason de l’Harmonie : « De sinople, à deux piolets d’or placés en sautoir et surmontés d’une lampe de mineur de même. Brochant le tout, une harpe de gueules ». Le fond vert symbolise la naissance, la vie et l’espoir – La lampe et les piolets sont d’or, symbole de la richesse procurée par la mine. La harpe rouge, symbole du feu ardent, de la force et de l’amour, instrument sacré chez les Celtes et les Egyptiens, sensé relier le ciel et la terre.
Nous ajouterons très sincèrement à ces bénévoles méritants : « longue et riche vie à l’Harmonie des Mineurs du Martinet !! »
Sources : « Le Martinet et la Vallée de l’Auzonnet » - Abbé Albouy – Ed. Notre Dame – Nîmes, 1957
« Le Saintflorentin », journal du village édité par la mairie – 3e trimestre 2007 – « Entretien avec Lucien Reynaud, réalisé par Georges Mondou, en présence de Céline Rouvière et Agnès Padovani) - « Le Saintflorentin » - 2e trimestre 2007
Divers articles du Midi-Libre du 13 et 30 septembre 2007
Photo Elus devant la porte du local de l’Harmonie
De gauche à droite :
Serge BORD, président de la C. de Communes « Vivre en Cévennes »
André DELEUZE, maire du Martinet
Jean-Claude PARIS, Conseiller Général et maire des Mages
Patrick MALAVIEILLE, Vice-Président du Conseil Régional
Stéphane GUYON, Sous-Préfet du Gard
Barbara COUFFINI, arrière petite-fille de René GUERIN
Henri RANCHON, maire de St-Florent
Georges KETELE, représentant la FMLR
Les titres des élus sont ceux qu’ils avaient en 2007, date de l’évènement